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Dialogue avec l’espace

时间:2024-06-19

par LI XIAOYU

Une interaction entre les astronautes chinois et la jeunesse africaine fait suite à la fructueuse coopération spatiale entre la Chine et l’Afrique

Si, dans l’univers d’Antoine de Saint-Exupéry,le Petit Prince a pu un jour voir sur sa planète le Soleil se coucher 43 fois, Leon Onunaiju, un collégien nigérian de 14 ans, sait désormais que les astronautes peuvent en voir 16 dans la journée depuis l’espace. Il tire une plus grande fierté du fait que les astronautes, lorsqu’ils survolent le continent africain, peuvent apercevoir le Sahara, le mont Kilimandjaro, et quelques grandes villes la nuit à travers les hublots de leur station spatiale.

L’adolescent, qui souhaite devenir astronaute à l’avenir,s’est dit enflammé par son interaction en visio avec trois taïkonautes chinois de la missionShenzhou-14.Ils ont répondu à des questions allant de leur vie en orbite aux expériences scientifiques menées dans la station spatiale, le 6 septembre. À l’image de Leon, des jeunes d’Algérie, d’Égypte, d’Éthiopie, de Namibie, du Nigeria, du Sénégal, de Somalie et d’Afrique du Sud se sont joints au dialogue.

À l’occasion du 20eanniversaire des relations diplomatiques entre la Chine et l’UA, la mission chinoise auprès de l’UA, l’Agence chinoise des vols spatiaux habités (CMSA) et la Commission de l’UA ont conjointement organisé l’événement. Selon les dires de Mohamed Belhocine, commissaire de l’UA pour l’éducation, la science, la technologie et l’innovation, cela constitue également une extension de la coopération sinoafricaine dans le domaine des sciences et technologies spatiales et des perspectives de collaboration future.

Une conversation inspirante

Les trois taïkonautes chinois Chen Dong, Liu Yang et Cai Xuzhe ont été envoyés en juin pour une mission de six mois sur le vaisseau spatial habitéShenzhou-14afin d’aider à assembler et construire en orbite la station spatialeTiangong, dont l’achèvement est prévu d’icila fin de cette année. Il ne s’agit pas du premier dialogue que l’équipage a mené avec les jeunes Africains.En 2019, M. Chen et Mme Liu ont visité la Namibie.« L’enthousiasme et la gentillesse de son peuple, ainsi que l’étendue et la beauté de ses terres, nous ont laissé de bons souvenirs », a rappelé M. Chen au début de cette nouvelle interaction avec la jeunesse africaine.

Des étudiantes égyptiennes prennent des photos à la fin de l’événement« Conversation avec les taïkonautes »,à l’ambassade de Chine en Égypte,le 6 septembre.

« La conversation est en fait très impressionnante »,partage avecCHINAFRIQUEPassant Sayed Khalil,l’ancienne lauréate égyptienne du concours « Passerelle vers le chinois » qui enseigne aujourd’hui le mandarin à l’Université du Caire. Elle a interrogé Mme Liu sur le défi qu’elle a dû relever pour devenir la première femme taïkonaute chinoise et la façon dont elle a réalisé son rêve.

« En fait, dans tous les domaines de la vie, il y a des femmes exceptionnelles qui se dévouent à leur poste.Tant que nous chérirons nos rêves, nous aurons du pouvoir. Tant que nous visons haut et travaillons dur,nous pouvons libérer le potentiel de notre intelligence et réaliser nos rêves », a répondu Mme Liu, en remerciant sa famille de l’avoir soutenue dans la réalisation de son rêve.

En tant que témoin de la « Conversation avec les taïkonautes » depuis l’Institut Confucius de l’Université Yaoundé II, au Cameroun, Taling Tene Rodrigue,chercheur camerounais et directeur adjoint du Centre d’études francophones de l’Institut d’études africaines à l’Université normale du Zhejiang, affirme qu’il entrevoit un avenir brillant d’une coopération spatiale sinoafricaine dans cette nouvelle ère. « En effet, j’ai vu une jeunesse très fière et très enthousiaste de communiquer avec des astronautes loin dans l’espace, comme s’il s’agissait de leurs voisins d’à côté », indique-t-il.

La volonté de la Chine de partager sa technologie spatiale avec l’Afrique étant indubitable,le développement de la technologie et des aptitudes spatiales est ainsi un domaine crucial de coopération entre les deux parties.

TALING TENE RODRIGUE Directeur adjoint du Centre d’études francophones,Institut d’études africaines à l’Université normale du Zhejiang

Une continuité de la coopération spatiale

M. Rodrigue souligne que le secteur spatial africain en est encore à ses balbutiements. « Onze des 54 pays africains ne contrôlent que 41 satellites en orbite autour de la Terre, soit 0,85 % du nombre total, alors que les États-Unis en contrôlent près de la moitié. Par conséquent, il n’est pas surprenant que l’Afrique produise seulement 2 % de l’économie spatiale mondiale »,explique le chercheur camerounais. « Cela rend l’Afrique dépendante de la plupart des services satellitaires provenant d’équipements et de technologies appartenant à l’Occident, compromettant ainsi son autonomie stratégique et sa souveraineté. »

« La volonté de la Chine de partager sa technologie spatiale avec l’Afrique étant indubitable, le développement de la technologie et des aptitudes spatiales est ainsi un domaine crucial de coopération entre les deux parties », insiste-t-il.

Une adolescentesomalienne assiste à l’événement« Conversation avec les taïkonautes »,à l’ambassade deChine en Somalie,le 6 septembre.

En réalité, la coopération spatiale est devenue un point fort des relations sino-africaines ces dernières années. Les échanges diversifiés ont porté leurs fruits,notamment dans la fabrication et le lancement de satellites, la construction d’infrastructures aérospatiales,le partage des ressources satellitaires, la formation d’ingénieurs et la recherche conjointe, a fait savoir Hu Changchun, chef de la mission chinoise auprès de l’UA, dans son allocution prononcée lors de l’événement.L’activité à Addis-Abeba est ainsi une continuité de la coopération spatiale sino-africaine dans la nouvelle ère.

En janvier 2019, la Chine et l’Égypte ont signé un accord de coopération qui comprend la construction d’un petit satellite de télédétection, d’une station de contrôle au sol et d’un ensemble de systèmes d’application au sol. Une fois le projet achevé, l’Égypte sera le premier pays africain à disposer de capacités complètes d’assemblage, d’intégration et de test de satellites.

Outre l’Égypte, plusieurs pays africains, dont l’Éthiopie,l’Algérie, la Tunisie et la Namibie, ont déjà commencé leur voyage spatial avec l’appui de la Chine. L’année dernière, trois taïkonautes à bord du vaisseau spatialShenzhou-12ont porté un drapeau national namibien dans l’espace.

Par ailleurs, le pays utilise les sciences et technologies spatiales pour soutenir l’Afrique dans sa lutte contre la pandémie de COVID-19. En mai 2020, une équipe de l’Académie chinoise des technologies spatiales, en collaboration avec l’Agence spatiale algérienne, a lancé un système de télé-enseignement à l’aide d’Alcomsat-1,le premier satellite de communication d’Algérie, et a ouvert une chaîne nationale de télévision éducative,remédiant ainsi au problème de l’accès à l’école.

Selon le Plan d’action de Dakar adopté en novembre dernier, l’UA travaillera avec l’Administration spatiale nationale de Chine pour délibérer et rédiger le Livre blanc sur la coopération spatiale sino-africaine, déterminant les domaines prioritaires et les orientations clés.« La collaboration spatiale entre la Chine et l’Afrique apportera un large éventail d’avantages aux peuples des deux parties », a déclaré le chef de la mission chinoise auprès de l’UA. CA

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