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Femmes : piliers du développement agricole

时间:2024-06-19

par François Essomba

Les femmes africaines participent largement à la production agricole et à la transformation des produits, jouant un rôle essentiel dans le développement de la sécurité alimentaire sur le continent

La femme joue un rôle important dans le développement agricole de l’Afrique.

Dans la localité de Zamakoué, à quelque 35 km de Yaoundé, se dresse à perte de vue un vaste champ de manioc, entretenu par Mme Ernestine Mballa. Cette production lui procure des revenus importants et contribue efficacement à son épanouissement personnel et à celui de sa famille tout entière.

« Je travaille avec plaisir en sachant que je sortirai de la pauvreté en continuant à faire ce que je fais. Mon rêve est de terminer la construction de ma maison en briques, de dormir dans un endroit confortable, d’améliorer les conditions de vie de mes enfants et de mes petits-enfants, et de les envoyer tous à l’école », dit celle qui ne se prive pas d’ambition pour son avenir.

Partout en Afrique, les agricultrices partagent de plus en plus un secret : la réussite. Ces femmes sont propriétaires terriennes, créatrices d’emplois et formatrices agricoles. Faisant carrière dans l’agriculture, elles se donnent la possibilité d’investir pour leurs enfants et leurs communautés, histoire de sortir de la pauvreté.

Une pionnière du cacao

Mme Kate Kanyi-Tomedi Fotso, est une productrice hors pair qui prospère dans la fi lière cacao, avec à son actif de vastes étendues de champs de cacao ainsi que plusieurs planteurs à sa charge, dans la province du sud-ouest anglophone du Cameroun dont elle est originaire. Kate Fotso excelle depuis plusieurs années dans cette culture, où elle a pu réaliser l’essentiel de sa fortune. Elle est directrice générale de Telcar Cocoa Ltd., qui est le leader des exportations de cacao au Cameroun (avec plus de 30 % des volumes exportés). Son entreprise se classe 18esur les 100 premières entreprises camerounaises en termes de chiffres d’affaires.

Kate Fotso est également depuis pas mal d’années la principale promotrice de la culture du cacao certi fi é dans le pays. Elle évolue depuis plus d’une vingtaine d’années dans cette fi lière aux côtés des hommes, sans afficher le moindre complexe. Très active, cette productrice du cacao participe à plusieurs rencontres qui regroupent les opérateurs du secteur cacao à travers le monde, où elle encourage les jeunes fi lles à s’intéresser à l’agriculture, notamment du cacao. Par ailleurs, Kate Fotso, a, lors des trois dernières campagnes cacaoyères, distribué environ 2 millions de dollars de primes aux producteurs de cacao certi fi é.

La fi lière cacao lui doit également son Académie des coopératives (Coop Academy) lancée en mars 2016. Avec cette académie, Kate Fotso ambitionne de former environ 908 délégués appartenant à 227 coopératives de producteurs de cacao sur une période de trois ans, a finde transformer leurs organisations en des entreprises viables, durables et pro fi tables. Même avant cette initiative, elle avait déjà permis de former, entre 2011 et 2015, environ 21 000 productrices de cacao aux bonnes pratiques, dans différentes régions du Cameroun. Parmi ces productrices, 8 000 ont reçu des certi fi cations.

Ainsi, à sa prise de parole lors de l’édition 2015 du Festival international du cacao camerounais (Festicacao), tenu chaque année à Yaoundé, Kate Fotso, avait saisi cette occasion pour encourager les jeunes fi lles à s’investir davantage dans l’agriculture. « L’agriculture est une immense richesse, qui permet à tous ceux qui la pratiquent avec détermination de réaliser des succès dans la vie. L’agriculture recèle un large éventail de produits à développer. J’ai personnellement fait fortune dans l’agriculture et j’ai opté pour la production du cacao. J’avoue que les débuts n’ont pas été faciles, les hommes et même certaines femmes se sont dit que j’allais m’essouラer à mi-parcours et par la suite abandonner cette aventure. Mais au contraire j’ai persévéré et à ce jour je compte parmi les leaders dans le secteur cacao en Afrique et dans le monde. J’invite donc les jeunes fi lles à s’investir dans l’agriculture, qui est une activité qui peut leur permettre à sortir de la pauvreté et de devenir véritablement autonomes ».

Mme Kate Kanyi-Tomedi Fotso, camerounaises qui a fait sa fortune dans l’agriculture en cultivant du cacao. Elle fi gure parmi les 20 femmes les plus riches d’Afrique.

L’accès à la terre

Cette histoire de réussite n’est pas encore le cas de la majorité des agricultrices, pour qui le quotidien demeure très difficile. Bien qu’elles représentent presque la moitié de la main-d’œuvre agricole en Afrique, les femmes ne reçoivent pas le même soutien et ne béné fi cient pas des mêmes investissements que les hommes.

L’accès à la terre constitue pour la plupart d’experts en agronomie un handicap majeur pour les agricultrices en Afrique. D’après l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les femmes africaines produisent jusqu’à 80 % des denrées alimentaires consommées par les ménages au sud du Sahara. Or, seulement 2 % d’entre elles ont un accès à la terre.

La femme africaine est marginalisée pour l’obtention des surfaces cultivables. Elles jouissent rarement des mêmes droits que les hommes, notamment en ce qui concerne la propriété terrienne. Celles-ci subissent le poids de la coutume, des préjugés et de la domination masculine, y compris dans les organisations paysannes ou de défense des sans-terres.

À Mkolveng, village situé à 30 km de Nanga-Eboko (chef-lieu du département de la haute Sanaga) et à 170 km de Yaoundé, Mme Créssence Momedeng, âgée de 61 ans, subit l’exclusion de ses propres frères, qui lui font savoir qu’elle n’a rien à revendiquer dans le village parce que sa subsistance est supposée être assurée par le village de son époux. Et justement du côté de son mari, elle éprouve toutes les difficultés avec ses beaux-frères qui la taxent d’allogène. « Dans ce village parfois mes plantations sont détruites lorsque les hommes font leurs champs, ils élargissent les surfaces en débordant sur les portions dans lesquelles j’ai fait mes plantations », dit-elle à CHINAFRIQUE.

Selon un rapport de la FAO, l’Afrique produit aujourd’hui un tiers de ses besoins alimentaires et dépense chaque année 30 milliards de dollars pour nourrir sa population. En 2030 il en faudra 120 milliards dollars, si la productivité ne s’améliore pas. Il est donc impératif d’augmenter considérablement le rendement agricole. Les États africains se doivent ainsi d’octroyer davantage de surfaces cultivables aux femmes du continent africain, qui constituent la cheville ouvrière et productrice de l’essentiel des denrées alimentaires qui ravitaille les grandes villes africaines. CA

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